Peintres liégeois du 20e siècle, Et d’autres, film de Jean-Marie Gresse, article

Un film de Jean-Marie Gresse
sur quelques peintres liégeois

Il y a un an paraissait ACTUEL XX — La peinture à Liège au XXe siècle. Le signataire de cette note y proposait un état présent de la peinture à Liège dans la multiplicité de ses tendances. Il s’efforçait, pour voir plus clair, de remettre un peu d’ordre dans un désordre significatif de la richesse créative des peintres du pays de Liège. En une centaine d’artistes (de 1870 à 1975) et un ouvrage — texte et illustrations — d’un peu moins de 3,5 kg, il cherchait à démontrer moins la spécificité d’une école mosane de peinture que la participation des artistes liégeois au dialogue universel auquel tendent les artistes, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Le film que Jean-Marie Gresse vient de réaliser et qui entrera bientôt dans les circuits culturels et commerciaux vient, dans la foulée d’ACTUEL XX, compléter une information qui fit longtemps défaut. En 30. minutes, son propos ne pouvait être que limité. Montrer dans le décor de leur ville une dizaine d’artistes en exercice, après avoir salué au passage Philppet, de Witte, Rassenfosse, Richard Heintz, est l’intention de ce court métrage à la construction volontairement chaotique ainsi que la vie, ainsi que la création. Les peintres s’expliquent sur leur art, la  caméra s’attarde sur les œœuvres, quitte l’atelier, trouve dans la rue les « prétextes » de l’artiste Pijpers peintre et « fil conducteur » relie l’isolement du créateur au décor où il alimente son imagination, Grooteclaes mangeant en plein air, les pieds dans la neige, introduit l’insolite, la peinture expressionniste et sarcastique de Roland Breucker paraît directement inspirée du grotesque de certains passants, la voiture/évasion ou invasion finit sa carrière dans Ie concasseur qui réduit le mythe des temps modernes au format d’une valise.

L’action prime la parole et c’est aux aînés qu’il appartient de commenter l’acte créateur : Jacques Hendrick qui fait les honneurs de son musée, Joseph Zabeau qui plaide pour le travail régulier contre l’illusion de l’inspiration, le doyen des artistes liégeois Adrien Dupagne grand peintre et terrible acteur, qui dit avec férocité sa nostalgie des maîtres d’autrefois…
Jo Rome, Fernand Flausch… Les artistes et leurs œuvres défilent. Nous voila loin du film classique, sèchement didactique. L’œuvre ne trouve sa justification que dans le milieu qui la vit naître. Jean-Marie Gresse a déjà montré dans d’autres films qu’il a le sens de l’image, du cadrage, du mouvement : il use de sa caméra comme le peintre du pinceau ou du couteau :en toute liberté. On regrette qu’il n’ait pas indiqué au passage de l’image le nom de l’artiste. Dans la version prochainement « gonflée » en 35 mm il complétera de ces indications indispensables un film qu’il a intitulé Et d’autres voulant indiquer ainsi que son film est une approche de quelques artistes liégeois.

J.P.

Légendes des photos :
Jean-Marie Gresse et Hubert Grooteclaes (extrait de « Et d’autres », film de J.-M Gresse)
Pijpers et Beunckens (extrait de « Et d’autres », film de J.-M. Gresse

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