Radio: La chronique hebdomadaire des arts plastiques par Jacques Parisse, 1989

Jacques Parisse. Chronique radio à la RTBf, 02/03/89.

En règle générale, un peintre aime revendiquer d’illustres influences. Les peintres, enfants non légitimes de Picasso, de Dali, de Magritte, sont nombreux. Si Jo Rome de Horion-Hozémont devait citer des noms, il dirait Julien, Alexandre et Antoine. Ce sont ses trois fils.

Je vous préviens tout de suite, pas question pour Jo Rome de sacrifier facilement aux bons sentiments ; sa peinture, ce n’est pas le courrier du cœur. C’est beau, c’est fort et viril. Cette peinture invoque l’enfance, des moments vécus que la naïveté expressive des dessins de ses enfants fait ressurgir.

Un peintre peint ou dessine ses enfants, eux-mêmes peignant ou dessinant. Il leur emprunte des sujets, des motifs, des signes, les amplifie, ajoute des silhouettes raccourcies, des scènes naïves, des plages de matières creusées de sillons, enrichies de scories, de collages. Ces instants de joie enfantine sont menacés. La surface d’aventure qu’est la carrière de sable, peut s’effondrer sous les pas de l’enfant qui l’escalade. Sur les blés jaunes du dernier Van Gogh, les corbeaux deviennent de noirs avions à réaction. L’affreuse autoroute écrase l’enfant égaré. Le drame comme la vie, est suspendu. Sous l’intimisme de certaines scènes familiales, l’angoisse perce. Que sera la vie pour ces enfants, aujourd’hui, innocents.

Sans déclamation, sans emphase, l’image qu’est la toile ou le pastel témoigne du présent mais laisse pressentir l’avenir. C’est la double interrogation du peintre et du père. Jo Rome s’est tenu trop longtemps éloigné de nos murs. Nous le retrouvons galerie Différences, en Neuvice, dès demain soir, fort et chaleureux, heureux et inquiet et formidablement peintre.

Tous les chemins devraient mener à Rome et à Différences, dès demain soir.

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