Jalons des arts, Galerie Valere Gustin, 1980

Par Jacques Parisse

A peine clôturée, l’exposition de ses œuvres récentes à la Galerie Kaleidoscoop de Gand Jo Rome se présente aux suffrages des liégeois à la galerie Valère Gustin.

Deux expositions en moins de deux mois, voilà qui étonne ceux qui étonne ceux qui suivent pas à pas depuis quinze ans le travail de Jo Rome. C’est que ce professeur d’Académie ne parle pas pour ne rien dire. Longuement mûries en référence souvent à ses années passées Jo Rome n’a pas multiplié les manifestations publiques. Ce qui est rare nous est donc cher.

Depuis un certain incendie qui, en 1976, détruisit sa maison de la cave au grenier, réduisant en cendres les traces d’une vie de trente-cinq ans – drame dont il fit des œuvres et qu’il exposa en mai 1977 – Jo Rome depuis lors marié et père a, dans sa peinture, sinon tourné la page, du moins conclu un nouveau pacte avec le bonheur. Jo Rome ré-actualise des images du passé, il montre dans des pages narratives qui attestent des enchaînements parfois insolites de la mémoire combien une vie d’aujourd’hui est encore alimentée et même justifiée par certains souvenirs, par des visions fugitives que ce soit l’étable de la ferme, les efforts de Fausto Coppi ce héros de notre adolescence, les flonflons du carrousel le jour de la fête au village quand l’enfant est emballé dans son épais paletot… Chez Jo Rome refus donc de tout intellectualisme, de toute « psychologie des profondeurs » mais l’acceptation coulée en images sereinement nostalgiques ou en célébrations intimistes (le lit, la chambre, la trace sur le mur d’un tableau déplacé …) de ce qui fait une vie. Toutefois, cette candeur lucide, cet émerveillement refuse le naïvisme tout autant que les concessions à la facilité. Jo Rome ne joue pas les gentils, moins encore au « peintre du bonheur » comme il en sévit tant à nos cimaises pour la prospérité de certains loueurs de murs et l’émoi des cœurs purs. Chez Jo Rome la figuration n’est pas un retour mais une permanence. Il n’a jamais abordé aux rives abstraites. C’est qu’il est accroché à la vie et, à sa façon, à sa représentation. Chaque œuvre est comme un pan de la mémoire mais de cette mémoire qui nous concerne tous au travers d’une expérience individuelle.

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