Exposition de peinture à la Galerie Valere Gustin, 1990

Les chemins de Rome, La Dernière Heure, 02/03/1990.

Valère Gustin respecte ses engagements : on n’en attendait pas moins du plus artiste des galeristes liégeois, le plus enthousiaste et – le fait n’est pas courant – le plus désintéressé ! Après un panorama consacré à une quinzaine d’artistes liégeois appelés à exposer dans sa galerie de la rue Bonne-Fortune, il présente le premier d’entre eux : Jo Rome, un déjà habitué de la maison. Il y a une dizaine d’années, la maison, l’atelier de Jo Rome avaient été anéantis par un incendie. Il avait retrouvé quelques reliques, quelques dessins roussis, écornés. De ceux-ci, il avait fait des œuvres qui portaient sur leur surface presque calcinée tout le poids de sa tristesse. Jo Rome a fait front et patiemment a reconstruit une œuvre forte, toute de tendresse et de passion.

Après avoir longtemps voyagé dans son enfance villageoise de petit enfant de la guerre à HorionHozémont, Jo Rome multiplia les Rome et s’offrit trois fils ! L’hérédité parla, les enfants de Jo Rome dessinèrent avec la merveilleuse spontanéité de l’enfance protégée encore des diktats de la scolarité. Le père fut influencé par les dessins des fils. Il sembla aujourd’hui que la tribu Rome se soit encore agrandie ! D’un chien, le leitmotiv de cette nouvelle série qu’expose Valère Gustin. Chien-thème, chien-prétexte qui déambule dans des belles matières, des blés d’or, des glaises comme le lion originel, des tapis d’herbes. Jo Rome n’est pas économe de sa pâte : le matiériste prend le pas sur le figuratif. Que disparaissent le chien et les graffiti enfantins, ne resterait que la croûte terrestre. Le plaisir évident qu’éprouve Jo Rome à jouer ainsi de la matière, de l’habiller de couleurs vives, éclatantes, de la transformer en sillons, en lourds tapis suspendus renvoie à Rome l’ancien : au sculpteur, un des premiers à avoir fixé, dans le polyester, des compositions de bric et de broc pleines de joyeuse fantaisie. Le voici proche du bas-relief, reviendra-t-il à la ronde-bosse ?

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