Exposition à Bruxelles, Galerie La Louve, article La Libre Belgique, 1989

La Louve accueille Rome. Un peintre liégeois à la Grand-Place de Bruxelles

En dehors de la Ville Eternelle et du prix qui porte son nom – ô honte – aucune idée d’un peintre liégeois Rome, issu de l’Académie de la Cité ardente, médaille du gouvernement, prix divers concernant son œuvre et actuellement professeur de peinture de peinture monumentale à l’Académie de Liège. Le monde est trop vaste ou les mosans trop renfermé dans leur citadelle culturale !

Première exposition à Bruxelles. Si l’on excepte une approche en 1966 à la galerie Racines dont le souvenir s’est évanoui depuis longtemps. Voici donc Rome à Bruxelles avec un ensemble bien étoffé qui nous révèle une œuvre à la fois ambitieuse et un peu naïve. Il montre tout d’abord de grands passages d’une pâte rigoureuse souvent balafrée de griffures, évoquant des collines rocheuses, des carrières, des plaines désertiques au travers desquelles s’allonge le ruban poussiéreux d’une autoroute.

D’autres œuvres sont inspirées (et peut-être réalisées avec eux) par des petits garçons qui s’appliquent à peindre leur vision des grandes vacances qui peignent avec application leur autoportrait. Ou même sur un mur de briques rugueux à souhait, un Saint-Nicolas – graffiti beaucoup trop grand pour leur taille.

Les gamins de Rome ne se nomment pas Romulus mais plus prosaïquement Alexandre et Julien et leur importance dans l’œuvre de leur auteur (bien patient et bien intentionné) réduit un peu celle-ci à un louable effort d’enseignement artistique de base, une œuvre de psychologue pédiatre qui charge à découvrir et à enseigner et qui s’amuse, faute de peindre lui-même autant qu’il le voudrait, à apprendre à des jeunes à le faire.

L’art de Rome (dont on ne trouve part le prénom est plein de bienveillance et de simplicité d’âme. La couleur est grave, sans brutalité mais sans éclat.

Beaucoup de verts, des bruns, des ocres, des blancs avec, ici et là, un petit bonhomme rouge perdu dans l’immensité ou des grands personnages penchés, saisis en vue plongeante, sur des tables à dessins. Ainsi s’élabore une peinture au second degré qui est surtout une démonstration d’adresse.

On ne sait trop pourquoi les œuvres de Rome, toujours de grand format (140 x 140 cm) font penser, accrochées au mur du beau hall de « La Louve », à une exposition de travaux d’élèves dans un préau d’école (bien entretenu !). Mais on songe aussi parfois à la pâte tumultueuse de Van Gogh et aux oiseaux noirs…

Stéphane Rey, La Libre Belgique, 14 avril 1989

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